Auvergne laïque n° 479 - Mars/Avril 2019 / DOSSIER

Actualité de la loi 1905

Tous ceux qui se mobilisent déjà contre la réforme de la loi de séparation dénoncent les arguments fallacieux évoqués par le gouvernement. Il est faux par exemple de prétendre que l’existence d’une nouvelle religion majoritaire sur le territoire français  frappe d’archaïsme les dispositions de la loi ; la liberté instaurée par cette loi rend au contraire insupportables toutes les formes d’intégrisme, comme elle rend intolérables toutes les violences qui s’en réclament.

Comme tous les grands penseurs, Jaurès avait prophétisé le caractère universel d’une  loi que l’histoire ne parviendrait jamais à discréditer : « Je suis convaincu qu’à la longue, après bien des résistances et des anathèmes, cette laïcité complète, loyale, de tout l’enseignement, sera acceptée par tous les citoyens, comme ont été enfin acceptées par eux, après des résistances et des anathèmes dont le souvenir même s’est presque perdu, les autres institution de laïcité….. »

Il est enfin hautement symbolique que Ferdinand Buisson, un  des grands partisans de la séparation, ait œuvré pour le rapprochement franco-allemand et reçu, en 1927, le prix Nobel de la paix. Il le dédiera à ses « fils adoptifs », les instituteurs de France, pour qu’ils travaillent au rapprochement des peuples par l’éducation des enfants. La loi de séparation dépasse donc très largement le champ des querelles idéologiques à laquelle on voudrait la réduire : elle est constitutive d’une conquête des libertés républicaines sur une terre des hommes qu’on voudrait enfin pacifiée.